Salé (en arabe : ???) est une ville et commune du Maroc, chef-lieu de la préfecture de Salé, au sein de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Elle est située au bord de l'Atlantique et sur la rive droite ou nord de l'embouchure du Bouregreg, en face de la ville de Rabat, capitale du pays ; d'où le fait que l'une et l'autre sont parfois qualifiées de « villes jumelles ».
La cité aurait pu être une ville-comptoir au temps des Phéniciens et des Romains faisant ainsi partie de l'agglomération de Sala Colonia[réf. nécessaire]. Cependant les archéologues ne sont pas en mesure de confirmer ce fait.
Salé connait un important développement à l'époque des Almohades (XIIe siècle) et des Mérinides (XIVe siècle), du fait de sa position stratégique sur la voie terrestre qui relie Fès à Marrakech et grâce à son port, centre d’échanges entre l’Europe et le Maroc.
Les Morisques andalous, animés d'un esprit de vengeance contre les Chrétiens, se lancent dans la guerre de course et constituent une puissante entité politique du nom de République du Bouregreg menant des expéditions des plus osées jusqu'en Cornouailles. Célèbres pour leur audace et leur ruse, les corsaires de Salé laissent l'image des Sallee Rovers dans la mémoire des Anglais.
La médina de la ville est un véritable musée à ciel ouvert offrant nombre de monuments, de riads d'inspiration hispano-morisque, de zaouiyas, de marabouts et de bibliothèques privées. Salé a la réputation d’être la ville jumelle de Rabat, mais elle dispose de ses traditions et de son histoire propres. Depuis la fin du XXe siècle Salé subit une importante vague d'immigration qui lui vaut le déclin de son prestige.
Sommaire
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La ville de Salé tire son nom de l'arabe oued Sala, « rivière salée », appellation du fleuve Bouregreg jusqu'au XIIIe siècle. Le nom « Bouregreg » pourrait avoir une origine berbère, puisque « regrag » signifie « gravier » en berbère ; mais les historiens ne privilégient pas cette étymologie1. Selon l'historienne Leila Maziane, le nom de la ville vient du mot phénicien sala qui signifie « rocher »2.
D'autres hypothèses proposent comme origine le mot Chellah, nom d'un ancien comptoir phénicien. Plusieurs établissements néo-puniques ont été trouvés le long de la côte lors de fouilles archéologiques. L'ancienne cité romaine Sala Colonia, citée dans l'itinéraire d'Antonin le Pieux se situe au niveau de l'actuelle nécropole de Chellah. Sala et Chellah pourraient être le même nom. En effet, en prononçant le mot en punique, on peut dire Sala ou Shala. Selon l'islamologue Évariste Lévi-Provençal, Sala est une simple latinisation du mot Shala. Après avoir été utilisés indifféremment, les deux termes ont été progressivement utilisés pour distinguer le site romain de la ville musulmane3.
D’autres étymologies légendaires, reprises par les historiens arabes, rattachent le nom de la ville à Sala, fils de Ham, fils de Noé. Certaines légendes affirment même que Sala fut fondée par Alexandre le Grand ou bien par Afriqith le Himyarite. D'après l'historien marocain Ahmad ibn Khalid Naciri, la fondation des vieilles villes du Maroc serait le fait des Européens ou de leur prédécesseurs carthaginois. Selon les Juifs, d'après une tradition de l'époque de Justinien, Salé serait une ville de Salomon.
Salé est localisée sur le littoral atlantique du pays, sur la rive droite de l'embouchure du fleuve Bouregreg, qui la sépare de Rabat. Salé est située dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Elle est limitée à l’est par les communes de Tiflet et de Khémisset, au sud par la ville de Rabat, à l’ouest par l’océan Atlantique et au nord par les communes de Sidi Bouknadel et de Kénitra4.
La ville de Salé, dont la superficie a augmenté au cours de la seconde moitié du XXe siècle, est divisée actuellement en cinq arrondissements municipaux : Bab Lamrissa, Bettana, Hssaine, Layayda et Tabriquet5.
L'arrondissement de Tabriquet est le plus peuplé et celui de Bettana le moins peuplé. Entre 1994 et 2004 l'écart de population entre ces deux arrondissements a atteint 100 000 habitants. En 1994, Bettana était le troisième arrondissement le plus peuplé de Salé, mais sa population ayant peu augmenté en dix ans, depuis le recensement de 2004, il est l'arrondissement le moins peuplé5.
L'arrondissement ayant le plus évolué démographiquement est celui de Hssaine qui, entre 1994 et 2004, a pratiquement doublé de population, passant de 74 930 à 163 672 habitants. La population des arrondissements de Bab Lamrissa et de Layayda a également augmenté passant de 114 120 à 140 383 pour Bab Lamrissa et de 83 777 à 118 233 pour Layayda5.
Arrondissement | Population en 1994 | Population en 2004 | ||
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Bab Lamrissa | 114 120 | 140 383 | ||
Bettana | 102 142 | 103 165 | ||
Hssaine | 74 930 | 163 672 | ||
Layayda | 83 777 | 118 233 | ||
Tabriquet | 204 881 | 234 733 |
Salé a toujours été considérée comme la sœur rivale de Rabat : elle dispose d'une culture et d'une identité propres, elle est aussi nettement plus ancienne que Rabat (fondée seulement en 1150, alors que Salé remonte à l'antiquité romaine). L'oued Bouregreg la sépare de la capitale. De tous les quartiers qui la composent, les plus anciens sont la médina, le mellah ainsi que l'ancien quartier français appelé Rmel (« sable » en arabe) qui comprend une église ancienne.
La médina a été fondée au début du XIe siècle6, elle s'enorgueillit de fontaines, de riads et de mosquées. La porte Bab El-Mrissa, près du centre-ville, permet de pénétrer dans la médina. Autrefois le faubourg de Salé se nommait Sibara.
Dans la médina se trouve le quartier Qçatla, déformation de Qashtala qui signifie « Castille » en arabe. Ce « quartier castillan » est l'ancien quartier andalou où se sont installées depuis l'ère mérinide plusieurs familles d'origine andalouse comme les Bensaid, Semmar, Zniber, Fennich, , etc.
Le mellah est l'ancien quartier juif où se réfugia une importante communauté bien avant la chute de Grenade.
La ville de Salé est le chef-lieu de la préfecture du même nom, qui compte deux communes urbaines (Salé, Sidi Bouknadel) et deux communes rurales (Ameur et Shoul)7. La population totale de la préfecture est estimée en 2004 selon le dernier recensement national à 823 485 habitants5.
Salé forme, avec les villes de Rabat (incluant les municipalités de Rabat et de Touarga), de Témara et de Sidi BouknadelN 1, une agglomération qui, entre les recensements de 1994 et 2004, a connu une hausse de population de 1 340 659 à 1 622 929 habitants5.
Municipalité | Population en 1994 | Population en 2004 | ||
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Salé | 579 850 | 760 186 | ||
Rabat | 615 401 | 621 480 | ||
Touarga | 8 056 | 6 452 | ||
Témara | 130 793 | 225 497 | ||
Sidi Bouknadel | 6 569 | 9 314 | ||
Total | 1 340 659 | 1 622 929 |
Les cinq municipalités qui forment l'agglomération sont situées dans trois préfectures différentes, celles de Rabat, de Salé et de Skhirat-Témara5, qui forment avec la province de Khémisset la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër.
Rabat est la capitale politique et administrative du Maroc, chef-lieu de la préfecture de Rabat, et, d'après le recensement national de 2004, sixième ville marocaine la plus peuplée, alors que Salé est classée quatrième en termes de population. Mais lors du recensement national de 1994, la ville de Rabat était plus peuplée que celle de Salé, ce qui montre l'explosion démographique qu'a connue Salé en regard de la relative stabilité de Rabat dont la population a augmenté de moins de 10 000 habitants en dix ans. Alors qu'elle comptait 35 551 habitants de plus que Salé en 1994, en 2004 c'est Salé qui a 138 706 habitants de plus5. Touarga, la « cité royale » de Rabat, située en plein cœur de la capitale, qui fait partie des quatre communes du Maroc au statut spécial, a même connu de 1994 à 2004 une baisse anormale de population, passant de 8 080 à 6 452 habitants soit d'environ 20 %5.
Le climat de Salé est de type méditerranéen à influence océanique, du fait de son emplacement sur la côte atlantique. Le territoire de la ville appartient au domaine bioclimatique sub-humide avec des variations semi-arides et humides. Il est soumis à une double influence continentale et océanique, la précipitation moyenne variant entre 500 et 600 mm/an8. La saison pluvieuse s’étale d’octobre à mars et la saison sèche d’avril à septembre. La pluviosité couvre en moyenne 70 à 90 jours par an. Les vents locaux, notamment la brise de mer, atténuent les excès thermiques, et, ajoutés d'autres éléments naturels, placent la ville dans l'étage bioclimatique subhumide.
L’influence tempérante de la masse océanique se traduit par des températures moyennes de l’ordre de 9 °C pour les mois les plus froids et de 38 °C pour les mois les plus chauds. Le gel est plutôt rare. La température la plus basse jamais atteinte est de -3,2 °C alors que la plus haute dépasse les 48 °C9.
Les données climatiques recensées sont celles de la ville de Rabat puisque celle-ci est très proche géographiquement de Salé. De fait, les recensements sont communs aux deux villes8.
Mois | jan. | fév. | mar. | avr. | mai | jui. | jui. | aoû. | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 8 | 9 | 9 | 10 | 13 | 15 | 18 | 18 | 17 | 14 | 11 | 9 | 14,2 |
Température moyenne (°C) | 12,5 | 13,3 | 14,7 | 16,4 | 18 | 20,5 | 22,5 | 23 | 21,9 | 19,7 | 16,4 | 13,6 | 17,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 17 | 18 | 19 | 20 | 22 | 24 | 27 | 27 | 26 | 24 | 21 | 18 | 25 |
Ensoleillement (h) | 180 | 182 | 232 | 255 | 291 | 288 | 315 | 307 | 261 | 235 | 191 | 181 | 3 234 |
Précipitations (mm) | 76 | 70 | 62 | 65 | 21 | 6 | 1 | 1 | 5 | 46 | 90 | 108 | 551 |
L'embouchure du Bouregreg est le berceau de civilisations millénaires. Les fouilles archéologiques tardivement lancées en font remonter le peuplement aux périodes paléolithique et néolithique suite à l'identification de squelettes et de traces de cultures préhistoriques. Cependant une lampe à huile datant du XVe siècle av. J.-C. retrouvée par J. Roube à Chellah est une preuve de la présence d'une civilisation. À l'instar de Lixus et de Mogador, Chellah a pu être peuplée par les Phéniciens. Au-dessus du site phénicien se trouvent les ruines de « Sala Colonia », une cité frontière importante dans la province romaine de la Mauritanie Tingitane. Ainsi le nom de Sala Colonia englobait la ville de Salé et de la future Rabat[citation nécessaire]. Selon des documents historiques retrouvés, Pline l'Ancien raconte qu'au Ier siècle de notre ère, la ville de Salé était « pleine d'éléphants et de barbares ». Les Carthaginois puis les Vandales passèrent par Sala. Cependant, hormis Chellah, tous les établissements romains ont été détruits, ce qui ne permet pas d'étayer par l'archéologie les hypothèses des historiens[Lesquels ?]L 1. La ville est complétée sur l'autre rive au Xe siècle[citation nécessaire].
La ville de Salé, fondée par la tribu zénète des Ifrenides au Xe siècle11, fut proclamée capitale. Favorables au sunnisme, les Ifrenides guerroyèrent auprès des Meghraoua contre les Berghouata qui s'opposaient aux conquêtes islamiques arabes. Sous leur règne s'installèrent à Salé de nombreuses familles andalouses, comme les Beni Khayoun et les Beni Achara. Selon Ibn Khaldoun, les Beni Achara ont construit leur palais dans la médina, palais qui servit ensuite de résidence au sultan almohade Abdel Moumin quand il se rendait à Salé ; cependant il n'existe plus aucune trace de ce palais aujourd'hui. Plusieurs savants venus d'Al-Andalus s'installèrent aussi à l'abri des murailles de la ville12. Le noyau aristocrate de la ville était ainsi constitué principalement d'Andalous.
En 1068 Salé fut prise par les Almoravides mais elle resta moins de 90 ans entre leurs mains. Ils y construisirent la mosquée Achabae qui compte parmi les plus anciennes de Salé. À partir du XIe siècle la ville connut un premier développement important, en particulier au XIIe siècle, à l'époque des Almohades, du fait de sa position stratégique sur la voie terrestre Fès-Marrakech, et grâce à son port, important centre d’échanges entre l’Europe et le Maroc. Le sultan Abu Yusuf Yaqub al-Mansur restaura les remparts de Salé, qui sont parmi les plus anciens et les plus imposants du Maroc, et fit de la Grande Mosquée l'une des plus belles du Maroc, bien qu'elle ait perdu ses décors initiaux. Mais Salé connut son véritable essor sous les Mérinides. Ils firent de la ville l'un des principaux pôles culturels du royaume en l'équipant de médersas, d'une école de médecine (maristane), de mosquées, de bibliothèques, de fontaines et de belles demeures. La ville, l’un des ports des plus importants de l’époque, servit également d'arsenal et de base aux navires armés en partance pour Al-Andalus13. Selon Luis del Mármol Carvajal, au XIIe siècle, Salé était déjà le port le plus prospère du Maroc. Les marchands génois, pisans et vénitiens venaient acheter à Salé des peaux, des tapis, des tissus, des laines, de l'ivoire, du miel de Meknès, de la cire, etc. Salé vendait aussi des draps et des objets manufacturés 14.
La Grande Mosquée, construite entre 1028 et 1029 et la Médersa mérinide (centre d'études islamiques) firent de la ville le deuxième centre religieux après Fès.
En 1260N 2 eut lieu la prise de Salé. La cité fut attaquée par les troupes d'Alphonse X de Castille. Ce fut le plus grand massacre jamais commis dans toute l'histoire de la ville, qui resta pendant deux semaines aux mains des Castillans avant que le sultan mérinide Abu Yusuf Yaqub ben Abd al-Haqq ne vînt la délivrer15. C'est de cette époque que date la construction de l'une des plus grandes portes fortifiées du Maroc, Bab Lamrissa, construite par l'architecte sévillan Mohamed Ben Ali ; cette porte maritime, à moitié enterrée aujourd'hui, barrait un canal et laissait passer entre ses piliers des navires pour les abriter à l'intérieur des remparts. Le Sultan Abu Yusuf Yaqub ben Abd al-Haqq participa personnellement au chantier16. Le port poursuivit assez maigrement son activité, longtemps après, à l'époque des corsaires salétins, avant d’être définitivement condamné par l'ensablement de la vallée.
Le poète andalou Ibn al-Khatib, qui vécut à Salé sous le règne de Abu al-Hasan ben Uthman pendant son exil entre 1360 et 1363, décrivit la cité comme « une ville impressionnante par sa beauté et sa splendeur, une ville mariant avec harmonie les traits de l'urbanité et de la vie de campagne »17. Il y écrivit aussi « Moufaharat Malaga wa-Salà » (Comparaison entre Málaga et Salé)18.
Au début du XVIIe siècle, Salé-le-Vieux, soumise à l'autorité des marabouts, notamment Sidi al-Ayachi, vivait en totale indépendance à l'égard du Sultan. Al-Ayachi y menait une lutte patriotique marquée d'expéditions contre les Espagnols auxquels il finit par reprendre le port de la Mamora19,20. « C'est ici, dit Mouette, que résidaient les plus riches marchands juifs et andalous ».
À partir de 1610, la ville de Salé, et, de l'autre côté du Bouregreg, la ville de Rabat, appelée à l'époque « Salé-le-Neuf », accueillirent l’arrivée massive de musulmans et de juifs chassés d’Espagne. Cet évènement donna un nouveau souffle à Salé l'ancienne, augmenta sa population, créant une rivalité avec la ville toute voisine de Rabat. Les Morisques établis à l'embouchure du Bouregreg y arrivèrent en deux vagues. La première comprenait les habitants de Hornachos qui s'installèrent à Rabat car ils étaient vus par les conservateurs salétins comme des « européanisés » 21, des colons qui bénéficiaient de quelques privilèges en quittant la péninsule ibérique : ils pouvaient emporter certains de leurs biens s'ils partaient volontairement. La deuxième vague regroupait les autres Morisques andalous, expulsés sans leurs biens ni leur honneur, installés sur les deux rives. Ils cherchèrent donc à se venger à travers la piraterie22. À cette époque « Salé » (Rabat principalement) était célèbre surtout pour son intense activité maritime, et les Andalous en firent la capitale de corsaires. Tandis que les Hornacheros s'occupaient de l'armement des navires, les autres Morisques formaient leurs premiers équipages. Avant même la proclamation de la République, à l'aube du XVIIe siècle, le marabout Sidi M'hamed el-Ayachi, considéré comme le plus illustre saint de Salé-le-Vieux, mena une lutte patriotique marquée par l'expulsion des Espagnols de la Mamora19.
Le développement économique venu avec les Hornacheros et les Andalous fut tel que Salé et Rabat décidèrent de s'unir et d'instituer, entre 1627 et 1666, une Thalassocratie sous le nom de République du Bouregreg ou République de Salé. L'actuelle Kasbah des Oudayas leur tint lieu de capitale. Cette république était dirigée par des corsaires venus principalement de Rabat. Leur objectif principal était de capturer des navires pour vendre leurs équipages comme esclaves en Afrique du Nord et de monter des expéditions pour enlever des habitants des côtes européennes. À cette époque, seule la République de Salé avait un port indépendant. Tous les autres ports du Maroc étaient occupés par l'Espagne ou le Portugal. Pendant ces temps glorieux, Salé-le-Neuf était surnommé « La Rochelle de l'Afrique ».
En 1643, le renégat Al Qaïd Said Djanoui est nommé par les Dilaïtes à la tête de la ville. Les relations d’Al Ayyachi avec les Anglais et les Hollandais étaient bonnes. Des ressortissants juifs de Salé, dont Aaron Querido, Josef Blache et les frères Cohen, furent à diverses reprises en relation étroite avec leurs coreligionnaires de Hollande pour l’achat d’armes au profit de la ville. Ces échanges profitables avec les Hollandais vont continuer sous les Dilaïtes après 1643. C'est en 1659 que Brahim Maâninou et Mohammed Fennich entrent, pour le compte de la principauté dilaïte, en pourparlers avec la Hollande afin de garantir la sécurité de ses marins et de ses commerçants. Cette année-là Brahim Maâninou effectue un séjour de cinq mois à La Haye. En 1663 la ville passe aux mains de Khadir Ghailane, ancien lieutenant d’Al Ayyachi23. Mais, en 1666, les Alaouites s'emparent des villes de Salé et de Rabat, mettant fin à la République du Bouregreg. Mohamed Fennich fut le dernier gouverneur de cette République avant la réunion du territoire au Maroc24.
Les corsaires salétins — et principalement ceux de Rabat — ont laissé dans la mémoire des Européens l'image des Sallee Rovers (ou Salé Rovers), les « écumeurs de Salé » dont les plus célèbres sont Jan Janszoon (alias Murad Reis), fondateur de la République corsaire26, le premier président Ibrahim Vargas (dont descend l'actuelle famille rbatie des Bargach), ou encore le renégat anglais Ahmed El Inglizi27 « l'anglais », aussi appelé Ahmed Laalej, (Ahmed le renégat) ; un ingénieur qui fortifia le mur des Andalous de l'autre rive.
À cause de ses activités de course en Méditerranée, la République de Salé, c'est-à-dire les deux rives, était fréquemment attaquée par les puissances européennes. Les Français, en particulier lancèrent, sans grand succès, plusieurs expéditions punitives ; aussi, depuis Louis XIV, les canons sont-ils toujours en batterie.
Ainsi, le 20 juillet 1629, la ville fut bombardée par l'amiral français Isaac de Razilly dirigeant une flotte composée de sept vaisseaux : Licorne, Saint-Louis, Griffon, Catherine, Hambourg, Sainte-Anne et Saint-Jean. Il détruisit trois navires salétins. L'amiral connaissait bien la ville, ayant été en 1624 ambassadeur de France à la République de Salé28.
En 1765, Louis XV envoya une escadre de 13 navires (un vaisseau, 8 frégates, 2 chébecs, 2 galiotes à bombes), sous le commandement du lieutenant général des armées navales français Louis Charles du Chaffault de Besné, en représailles contre Salé, les pirates ayant profité de la guerre de Sept Ans pour attaquer les navires de commerce français. Le 31 mai, il mouilla devant la ville à bord de L'Utile, accompagné de six frégatesN 3, deux bombardes et une barque, L'Hirondelle29. Le 2 juin 1765 il bombarda lourdement la ville, mais l'état de la mer l'obligeant à repartir au large, il recommença le 8 et le 11, rejoint par les chebecs Le Caméléon et Le Singe (commandé par Suffren)L 2. Mais le 26 juin, après avoir bombardé Larache, une partie de sa flottille se fit capturer en remontant l'oued Loukkos, et 300 hommes furent tués ou faits prisonniersL 3, parmi lesquels 30 ou 40 officiers dont le garde-marine Bidé de Maurville qui écrivit en 1775 une Relation de l'affaire de Larache.
Ce fut en 1767 seulement que le comte de Breugnon, vice-amiral et ambassadeur de France au Maroc vint à la cour du Sultan Sidi Mohamed racheter les captifs et signer un traité de commerce30, laissant un consul de France à Salé.
Mais Salé ne souffrit pas seulement des bombardements de la flotte française, elle connut aussi, au cours du XVIIIe siècle, des destructions importantes liées aux tremblements de terre : le 1er novembre 1755, le violent séisme qui frappa Lisbonne et détruisit de nombreuses autres villes de la côte marocaine ; dix-huit mois plus tard, le 15 avril 1757, un autre tremblement de terre qui la frappa violemment et le 12 avril 1773, celui de Tanger31.
Gravure de Georg Braun et Frans Hogenberg représentant les remparts de Salé ainsi que ceux de Rabat en 1572.
Sally, une carte de Richard Simson représentant la ville corsaire en 1637
L 4
John Ogilby (1600-1676)
Salé à l'époque de Jan Janszoon
Ancien port de Salé (carte non datée)
Ce fut en 1661, d'après Michael Dumper, que la dynastie alaouite prit le contrôle de la république du BouregregL 5, et de tout le Maroc à partir de 1666. Le sultan Moulay Rachid mit fin à l'autonomie politique dont bénéficiait le Bouregreg en 1668 par la prise de la Zaouia de Dila, quoique Salé gardât toujours son esprit d'autonomie et d'indépendanceL 6,32,33.
En 1681, Sidi Ahmed Hajji expulsa les Espagnols de Mehdia, ce fut le dernier grand saint de Salé. Durant tout le XVIIIe siècle Salé continua d’étendre son influence en pratiquant la guerre de course jusque dans des régions très éloignées. Cependant le déclin de la ville commença en 1755 avec le tremblement de terre de Lisbonne. En effet, ce dernier dont l'épicentre se situait dans l'océan Atlantique à la même distance de Lisbonne que de Salé provoqua un tsunami qui dévia définitivement le cours du Bouregreg, entraînant la désaffection du port, situé jusqu'alors à l'intérieur des murailles de la ville. Essaouira devint alors le port principal du royaume, bien que Salé gardât une certaine activité navale plus commerciale que corsaire jusqu'en 1818 lorsque Moulay Sliman déclara mettre fin à la guerre sainte, ce qui mit fin à toute activité de piraterieL 7.
En 1851, suite au pillage par des Salétins d'un navire marchand qui s'était échoué dans l'estuaire du Bouregreg, la marine française lança une attaque navale sur la ville de SaléN 4 36. D'après le pacha Abdelhadi Zniber, les marchandises perdues étaient évaluées à 11 391 francs-orL 9,L 10. De ce fait, la France en demanda un remboursement, bien que ce pillage ne fût pas imputable au sultanat, puisque les assaillants n'étaient que des éléments incontrôlés. Après plusieurs mois d'attente sans réponse, la France décida de faire une démonstration de force, et envoya une escadre sous les ordres de l'amiral Dubourdieu, avec le Henri IV commandé par Louis Henri de Gueydon, les frégates Sané37 et Gomer37, Le Narval et Le Caton, mais selon l'historien salétin Ahmad ibn Khalid Naciri, il y aurait eu un autre navire français du nom de Napios.
La bataille débuta le 26 novembre 1851 ; après plusieurs heures de combats, les navires français, victoire acquise, se retirèrent. Les pertes étaient assez lourdes puisque plusieurs bâtiments furent détruits et que la grande mosquée de Salé fut elle-même gravement endommagéeL 4. Côté français, les navires Henri IV et Sané étaient également endommagés et d'après le rapport du contre-amiral DubourdieuN 5, les Français avaient perdu quatre des leurs. Selon Abdelhadi Zniber, le bilan humain des Salétins était de six à sept tabjiyasN 6 ainsi que 12 à 15 civils tuésL 11. Louis Le Breton et Théodore Gudin, peintres officiels de la Marine à bord de l'un des navires, immortalisèrent le moment à travers des gravures.
Salé perd de l'importance quand Rabat est établie capitale à la signature du traité de Fès en 1912, date du début du protectorat français. La ville jusqu'alors jumelle est devenue une grande ville administrative, aussi Salé est-elle reléguée au second plan, bien qu'elle demeure un centre religieux et culturel face à sa voisine européanisée. De nos jours, le port de Salé a perdu son importance commerciale et reste seulement un port de pêche à la barque.
Le 14 novembre 1913 une Maison de convalescence (pour légionnaires et soldats) est fondée par Inès de Bourgoing épouse du maréchal Lyautey38, quelques années plus tard est construite la Maison des gardes forestiers pour protéger les gardes-forestiers de la forêt de la Mamora.
L’année 1927 a vu la création du Club littéraire islamique de Salé « Annadi Al Adabi Al Islami » qui groupe les élèves de l’école des fils de notables et ceux des écoles religieuses de la ville. Elle constitue une bibliothèque ouverte aux jeunes, organise des conférences-débats et des voyages dans différentes régions du Maroc.
L’année suivante, sous l’égide d’Abdellatif Sbihi, une troupe théâtrale d’amateurs est créée regroupant des jeunes du Annadi Al Adabi. Elle donne des représentations à Salé et Rabat, des pièces de théâtre à résonance patriotique aux sujets puisées dans des épisodes illustres du monde arabo-musulman.
L’appel au « latif »N 7 est lancé à Salé le 27 juin 1930 par Abdellatif Sbihi, Ahmed Maâninou, Haj Abdelkrim Hajji39, relayé par la suite dans les principales mosquées du Maroc ; et une pétition contre le dahir berbère du 16 mai 1930, rédigée par le mufti Abu Bakr Zniber, est remise le 28 août au Sultan Mohammed ben Youssef par le biais du grand vizir Al-MoqriN 8 ainsi qu'au Résident général. Le mouvement de contestation conduit finalement la France, en 1934, au retrait de ce dahir, perçu par les intellectuels de l’époque comme une tentative de division du peuple marocain40.
Ce texte a entraîné la première réaction nationaliste des élites marocaines contre l'occupant et consacré leur volonté de résistance41. Nombre s’accordent aujourd’hui à reconnaitre que cet épisode constitue l’acte fondateur de la prise de conscience politique qui conduira, quatorze ans plus tard, à la signature du Manifeste de l'indépendance du 11 janvier 1944 par de nombreux SalétinsN 9,42.
Le 29 janvier 1944, les autorités coloniales procèdent à l'arrestation du secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, Ahmed Balafrej, et de son adjoint, Mohamed Lyazidi. Un soulèvement se déclenche à Rabat et Salé, se propageant ensuite dans d'autres villes43. Abderrahim Bouabid conduit la manifestation populaire de Salé, qui est réprimée dans le sang. Arrêté et transféré à la prison de Laâlou à Rabat, il sera relâché un an plus tard.
Salé voit alors une partie de son élite emprisonnée ou, condamnée à l'exil41, partir se former à l'étranger, en particulier Saïd Hajji étudiant en Syrie puis en Palestine, ou Hajj Ali Zniber qui propose au Sultan un brillant projet de constitution après avoir passé 23 ans en Égypte 41, 44.
Mohamed ben Driss Alaoui, alors cadi de la ville de Salé, eut l'idée de commémorer l'intronisation au trône du sultan Sidi Mohammed Ben Youssef le 18 novembre 1933, à l'instar de la Grande-Bretagne, en réunissant un groupe de six adoul de la ville auxquels il donna le nom de « Comité des Fêtes », lequel se composait, entre autres, de : Mohamed ben Taïb Alaoui, Moulay Driss Maâninou, Boubker Aouad et Mohamed Gharbi. Les habitants reçurent une lettre de remerciements de la part du sultan. Associant la manifestation de loyalisme au Sultan à la cause nationaliste, la fête est officialisée par le dahir du 26 octobre 1934 45.
Salé est aussi réputée avoir été le fief de la gauche marocaine pendant de nombreuses décennies, de nombreux leaders y ont résidé 46. Plusieurs Salétins tels Tahar Zniber et Saïd Hajji furent membres de la cellule nationaliste clandestine Attaifa .
Salé forme avec Rabat et Témara une conurbation de 1,66 million d'habitants (2005). La croissance exponentielle de la population est due en grande partie à l'exode rural. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2004, sa population avoisinait alors les 800 0005. Avec les quelque 12 000 urbains qui s'ajoutent chaque année, Salé devrait atteindre le million à l'horizon 2020 L 12.
Année | 1913 | 1931 | 1936 | 1952 | 1960 | 1971 | 1982 | 1992 | 1994 | 2004 | 2005 | 2007 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Salé | 18 880 | 25 940 | 32 000 | 47 000 | 77 000 | 159 000 | 328 000 | 546 000 | 580 000 | 761 000 | 780 000 | 903 485 |
Après l'indépendance du Maroc, la ville connait une forte croissance démographique qui touche la totalité des zones qui entourent la médina. La population est passée d’un chiffre estimé de 75 000 habitants en 1960 à plus de 750 000 habitants en 2004, selon la projection des statistiques, soit un chiffre multiplié par 10 en 40 ans. Le taux d’accroissement annuel moyen que connaît aujourd’hui Salé dépasse les 6,5 %, soit environ 11 000 habitants par an47. Ce mouvement est le résultat d’un exode rural motivé notamment par la recherche de meilleures conditions de vie en ville.
L’espace urbain de Salé peut être divisé en trois types d’agglomération distincts47 :
La médina correspond à l'espace citadin, la ville historique avec ses vieux remparts et ses anciennes portes. Elle constitue, en général, le lieu d’habitation de Salétins qui appartiennent aux Chorfas (aristocratie religieuse), aux Oulémas (savants), aux familles présentes depuis des générations à Salé. Ce site entre dans la catégorie des villes qualifiées par l'historien Ahmed Naciri de « hadaria » c’est-à-dire la « citadinité ».
L'espace urbain est constitué par les « quartiers autorisés ». Ils sont généralement habités par une population ayant une certaine ancienneté à Salé et faisant partie des catégories socio-économiques aisées (fonctionnaires de l’État, commerçants, etc).
La banlieue est formée par des quartiers construits « clandestinement ». Sous-équipés, ils ne sont pas conformes aux règles urbanistiques. Ils regroupent une population installée récemment à Salé et dont le niveau de vie est généralement en dessous de la moyenne.
Les « anciennes familles », communément appelées Ahl Sala, forment le groupe social des familles considérées comme salétines de souche. Ces familles « citadines » se caractérisent par des spécificités culturelles et historiques qui les différencient des nouveaux habitants de Salé, dits « néo-citadins » ou « urbains », installés dans la ville suite aux mouvements d'exode rural du XXe siècle48.
Traditionnellement, les familles salétines de souche sont reconnues selon leurs origines : Chorfas (descendants du Prophète), Beldyin (descendants de Juifs convertis à l'islam), Andaloussiyin (descendants de Musulmans d'Al-Andalus) et Karaouyin (originaires de Kairouan, actuelle Tunisie. Ce mélange a donné naissance à une communauté de familles à la notoriété nationale dont sont issus plusieurs riches commerçants et hommes d'affaires, savants, oulémas, artistes et hommes politiques.
Elles sont prises en compte depuis la date de leur première citation dans la littérature ou dans les registres adoulaires ; une grande partie de ces familles sont cependant présentes à Salé bien avant leur première citation connue 49.
Au titre des grandes familles établies à Salé depuis des générations, on peut citer les Hajji, Sbihi, Mrini, Amar, Benkhadra, Zouaoui, Chemaou, Alaoui, Kadiri, Laâlou, Maâninou, Zniber, Fennich, Hassouni, Aouad, Sedrati, Hassar, Semmar et Naciri50.
En mars 1987, le roi Hassan II inaugure Dar Assikah (l'Hôtel des monnaies), symbole de souveraineté nationale puisqu'il permet au Maroc de produire sa monnaie.
La ville de Salé est la première « ville marocaine, méditerranéenne, africaine et arabe » à signer la Convention des Maires, projet financé par l’Union européenne dont l'objectif principal est de contribuer au développement durable de l’énergie. Dans le cadre du projet SURE51, la ville a abrité les 10 et 11 septembre 2012 les « Journées de l'énergie » sur le thème « Œuvrons ensemble à faire de Salé une ville verte » et a été l'hôte de la conférence internationale sur l’énergie des 12 et 13 septembre 2012 sur le thème « Les Énergies renouvelables au service du développement urbain durable : l’expérience de la Ville de Salé »52.
Le parc d'attraction Magic Park Bouregreg est créé en 2002 sur la rive droite du Bouregreg53 par la société Découvertes & Loisirs sur l'impulsion de Brahim Zniber, pour un montant de 120 millions de dirhams54.
Un projet majeur d'aménagement et de développement de la vallée du Bouregreg, qui doit concerner à terme 6 000 hectares est lancé en 2006 pour un montant de 30 milliards de dirhams. Il a pour objectif de remodeler significativement les deux rives du fleuve et devrait permettre à la ville de Salé de connaître à terme un important développement économique.
l'Agence Bouregreg s'est jointe à Al-Mâabar d'Abou Dhabi, afin de créer une cité de 35 ha comprenant des résidences, hôtels, commerces et musées, en plus d'une cité des arts et métiers : Bab Al-Bahr. Elle doit accueillir le 1er hôtel Rotana du Maroc, hôtel 5 étoiles de 250 chambres avec salle de sports, piscine, restaurants et espaces business.
Le Bouregreg Marina, inauguré en 2007, offre un plan d'eau de 4 hectares et peut accueillir 240 yachts allant de 6 à 30 m ; sa construction a duré sept mois et coûté près de 190 millions de dirhams. Une tour de 14 étages « Sport Eco City » est prévue.
Parmi les autres projets réalisés par l'Agence, le nouveau tramway, qui relie depuis mai 2011 les deux rives, avec deux lignes d'une longueur totale de 22 km : la Ligne 1 (de Madinat Al Irfane à Hay Karima), et la Ligne 2 (de l'Hôpital My Youssef à la Gare routière de Salé). Les lignes desservent Salé et Rabat selon un axe nord-sud avec un tronc commun de 3 km du centre-ville de Rabat jusqu'à l'entrée de Salé, après le franchissement du Bouregreg via le pont Hassan-II. Les 41 stations sont desservies par des rames doubles Alstom Citadis d'une longueur totale de 60 mètres.
Pour ce qui est du transport, il est diversifié puisque la ville est dotée de transports terrestres et aériens.
Un transport fluvial sur le Bouregreg a existé avec des gabares et des barques ainsi qu'un bac à vapeur qui a assuré le transport des véhicules et des personnes pendant une quarantaine d'années. Ce type de transport est supprimé depuis 2006 pour faciliter le travail de l'aménagement de la vallée du Bouregreg.
En 1957, a été inauguré le pont Moulay-al-Hassan55, le premier pont routier à relier Rabat et Salé. Actuellement, on compte quatre ponts entre les deux villes, dont un ferroviaire, et le projet d'aménagement de la vallée du Bouregreg prévoit d'en construire quelques-uns de plus.
La ville de Salé est aussi desservie par l’aéroport international de Rabat-Salé, situé à 5 kilomètres au nord-est du centre-ville, qui dispose de deux pistes (une militaire et une civile) ; l’aérogare actuelle est dotée d’une capacité d’accueil de 3,5 millions de passagers par an.
Le transport terrestre est le principal. La ville est dotée d'une voie express de 30 km qui fait partie de la N 1 reliant la ville à Kénitra, ainsi que d'une autoroute de contournement (périphérie de la rocade de Rabat) d'une longueur de 24 km qui donne naissance à l'A 1 reliant Tanger à Rabat.
Pour décongestionner le trafic sur l'axe reliant Salé à Rabat un nouveau pont de 2 fois 3 voies a remplacé l'ancien pont Moulay-al-Hassan (2 x 2 voies), permettant ainsi un trafic plus fluide sur la traversée du fleuve. De plus, les deux lignes de tramway traversent le Bouregreg en site propre sur un tracé commun, permettant d'assurer le transport collectif des Rbatis et des Salétins mais également de réduire le nombre de bus traversant le pont, principale source de bouchons.
Le réseau de bus de l'agglomération, réaménagé depuis début 2011, comprend une soixantaine de lignes reliant les villes de Rabat, Salé et Témara.
Salé est également desservie par le rail : le Bouregreg Express, un RER ferroviaire comprenant six stations dont les deux gares de la ville (Salé-Ville et Salé-Tabriquet). Une gare TGV est prévue en périphérie près de Technopolis. La construction en cours du LGV permettra à l'horizon 2020 de mettre Salé et Rabat à 1h de Tanger et à une demi heure de Casablanca.
Grâce à ses monuments historiques et son patrimoine culturel, Salé attire de nombreux touristes qui passent leur séjour dans des riads ou des hôtels, la ville abritant une dizaine de lieux d'hébergements dirigés par des Marocains ou par des étrangers56.
Salé reçoit 244 000 touristes par an (58% étrangers) 57.
D'après le recensement national de 2004, il y a 814 résidents étrangers permanents à Salé5. Il faut bien distinguer les touristes des résidents étrangers, les touristes n'étant souvent présents que pour leurs vacances.
Le travail du bois et la poterie font partie des métiers les plus anciens pratiqués sur le siteL 13,L 14.
L'art du zellige, ce carrelage émaillé à l'aspect de mosaïque, est très courant dans le style architectural de Salé. Très coloré et décoratif, il est très apprécié depuis les Mérinides et a connu son heure de gloire après l'arrivée des expulsés andalous qui ramènent leur savoir-faire non seulement à Salé mais aussi à Rabat et à Fès. Il est toujours pratiqué.
Salé a aussi comme spécialité la fabrication de tapis traditionnels, les hanbels, et les métiers du bâtiment sont un secteur artisanal important.
Selon l'historien Mohamed ibn Ali Doukkali, Salé et Rabat, sa voisine, ont toujours été à la pointe en matière de tannerie et de traitement du cuir, mais « aucun document historique ou indice matériel » ne vient l'attesterL 15. En revanche, les deux villes ont, avec certitude, été connues pour leur fabrication de sandales et autres chaussons ; au XIXe siècle, leur exportation eut lieu vers l'Angleterre et l'Égypte grâce à l'existence de plus de trois cents fabriquesL 15. La fabrication de nattes y fut aussi florissante jusqu'aux années 1960, le jonc poussant à foison au bord du BouregregL 16.
La gastronomie occupe une bonne place dans la tradition salétine. Plusieurs plats ont été introduits par les expulsés d'Espagne comme la Pastilla, d'origine andalouse, composée d'une fine pâte feuilletée farcie de pigeon et d'amandes ; c'est le fameux salé-sucré à la marocaine. Comme partout au Maroc le couscous reste emblématique, parfois accompagné de «tfaya» : oignons et raisins secs caramélisés agrémenté d'œufs et d'amandes. Pendant le mois de ramadan le couscous est dit des « sept légumes » car il est traditionnellement agrémenté de sept légumes différents ou plus. Durant ce même mois, le zamita (gâteau sucré d'apparence chocolaté, très épicé parfois préparé à l'aide de plantes médicinales) est très apprécié, sans oublier le sfouf mangé avec un verre de lait frais. Toujours dans le cadre du sucré, on trouve les leqli ou chebakias (gâteaux frits dans l'huile et enrobés de miel) ou encore le fameux baghrir (petite crêpe en nid d'abeille servies avec du beurre fondu et du miel) qui tapisse les tables du jour de l'Aïd al-Fitr, tous délices appréciables seulement avec un bon verre de thé à la menthe comme l'exige la coutume. Pour le salé, lamqila (viande d'agneau cuite avec de la graisse et du coriandre sèche) reste très prisée. Le tajine de poulet avec du citron et des olives est aussi très savoureux.
L'autre spécialité culinaire de la ville est le Makroud 59.
Tajine, plat traditionnel maghrébin. Les Salétins rajoutent du poulet, du citron ainsi que des olives dans ce plat.
Baghrir, sorte de crêpe utilisée traditionnellement pendant le ramadan dans tout le Maghreb.
Le thé à la menthe, très populaire dans l’ensemble du Maroc.
Des chebakias, pâtisserie marocaine préparée généralement pendant le ramadan.
La musique dominante à Salé est la musique arabo-andalouse (arabe : ????? ????????), aussi appelée al-ala, al-andaloussi ou encore gharnati. Elle est l'héritière de la musique chrétienne pratiquée en Espagne et au Portugal avant la Reconquista et de la musique maure musulmane transmise à Cordoue et Grenade depuis le califat abbasside. Suite à la chute de Grenade, les expulsés morisques et les Juifs sépharades la ramènent à Salé comme à Rabat, à Fès et à Tétouan. Elle est composée de formes poétiques telles que le muwashshah ou le zadjal (l'une des sources des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille, du flamenco et des chansons de troubadours)60. Ces productions poétiques et musicales sont en rupture avec la poésie bédouine, première source d’inspiration du Melhoun qui en fut profondément et définitivement transforméN 10.
Plusieurs instruments traditionnels sont pratiqués dans la ville de Salé : le riqq, le naqarat, la darbouka, le qanûn, l'oud, le violon (tenu sur la jambe à la manière traditionnelle marocaine) et le nay. Parmi les instrumentalistes illustres de Salé figurent Salah Cherkaoui dit Cherki le virtuose du Qanûn, Houcine Slaoui qui se démarque en s'attaquant à la musique populaire, Hajj Ahmed Zniber, talentueux musicien du gharnati et précurseur de l'utilisation du qanûn dans la musique moderne, Mohammed Baroudi, un expert de Al-Ala. On peut aussi citer des spécialistes du Malhoun : Cheikh al-Barri, Mohammed Chlih, Larbi Maâninou, Hassan Yacoubi, Cheikh Mohammed ben Ghanem, Cheikh ben Aissa et Cheikh Haj Mohammed Bensaid.
Une particularité de Salé depuis l'époque ancienne, c'est d'être un berceau de l'art du samaeN 11 (louanges et panégyriques chantés en chœur)62,63.
Salé fut aussi le berceau de nombreux poètes depuis les Mérinides. Mohammed ben Siwar al-Ichbouni, qui a écrit (en hommage à Aboul Abbas Ahmed ibn Kassim ibn Achra) : « J'aime Salé parce que tu es de Salé. Car tout ce qui est de Salé m'est cher »63 est l'un d'eux. Il y a aussi Ibn Bakki, qui résidait à Salé chez le cadi Aboul Abbas Ahmed ibn al-Kasim ibn Achara, ou encore Aboul Hassan ben Abi al-Homara63.
Cette tradition salétine remonte au règne d'Ahmed al-Mansur Saadi64 (sultan de 1578 à 1603) qui a été très impressionné durant son exil en pays ottoman (de 1557 à 1576) par la procession des cierges organisée à l’occasion de l'Aid Al-MawlidN 12. Aussi décide-t-il d'introduire au Maroc, cette fête qui est organisée la première fois dans la ville de Marrakech. La tradition s'est ensuite répandue dans tout le Maroc. Salé a organisé son premier moussem en 1579L 17.
Durant le mois sacré de ramadan, les Salétins prennent le temps de se recueillir, de lire le Coran et de réciter les invocations recommandées par le prophète Mahomet, un chapelet à la main. Pour l’accueillir, le 29 chaabane, un groupe de neffaraN 13, scrute le couchant depuis le minaret de la grande mosquée. Dès l'apparition du premier croissant de lune, ils courent annoncer le début du mois de ramadan en disant : « Naâm Allah m’sakoum Ramdan ha houa jakoum ! ».
Ce groupe réveille les dormeurs avant l'aube pour le sahur (le repas de l'aube), certaines personnes se retirent alors dans les mosquées ou dans d’autres lieux saints (les zaouïats) au cours de ce mois sacré, plus particulièrement vers les dix derniers jours, pour consacrer leur temps à la prière, c’est le Iεtik?f.
Le moment du « moughroub » ou de l’iftar (la rupture du jeûne) est marqué par un enchaînement de coups de canons tirés depuis les forteresses de Sidi Benacher. Après l’iftar, des soirées de musique andalouse, de madih (en) ou de malhoune sont organisées pour le plaisir de tous66.
L'arrivée à Salé de certains Andalous puis des Morisques expulsés d'Espagne a beaucoup influencé le parler de l'époque. On trouve ainsi des emprunts à l'espagnol ou au turc (expliqué par la venue de certains corsaires ottomans). Les tournures issues de l'arabe andalou y sont particulières ; elles ont tendance à féminiser, enjoliver ou utiliser des diminutifs pour les mots : On a ainsi « chjira » pour « chajara » (arbre), « tfifha » pour « touffaha » (pomme). Ce parler s'est façonné au fil du temps jusqu'à créer un dialecte propre à la ville que l'on entend toujours au bout de la langue des « purs Salétins »67.
Salé est une grande ville abritant plusieurs festivals et évènements, quelquefois au côté de la ville-sœur Rabat. Ainsi, le Festival Mawazine, créé en 2001, se déroule conjointement dans les deux villes. Il est présidé par un proche du roi, Mounir El Majidi, et accueille plusieurs cultures musicales du monde, devenant de ce fait un festival international.
Le Festival international du film de femmes de Salé, autre grand festival organisé depuis 2004 par l'Association Bouregreg, connait depuis 2009 un rythme annuel. La sixième édition s'est déroulée du 17 au 22 septembre 201268.
Le Festival Karacena, festival artistique qui a lieu tous les deux ans dans la ville de Salé depuis 2006, est organisé sous le haut patronage du roi Mohamed VI par l'Association marocaine d’aide aux Enfants en situation précaire.
Le Maroc Hit Parade est organisé depuis 2008 sur les deux rives du Bouregreg à l'occasion de la fête de la musique69. Regroupant de jeunes artistes et des groupes de musique urbaine marocains, il a la particularité de durer deux jours, les 20 et 21 juin70
Les souks de Salé tels le Souk Lakbir et le Souk Laghzal sont aujourd'hui parmi les plus authentiques et les plus anciens du Maroc. Protégées par la muraille érigée contre les attaques des flibustiers espagnols, les étroites ruelles couvertes de bois de thuya datant parfois d'au moins cinq siècles abritent les échoppes de tissu, de babouches, d'épices ou celles de bijoux autrefois tenues par les juifs71.
Organisé par quartiers et par métiers, les souks de Salé jouissent d'une bonne popularité grâce à leur artisanat et leur culture. Le qissariya (souk de tissus), vend des tissus et des bijoux71. En 1912, la rue des vendeurs de fils et presque la moitié de la rue des cordonniers étaient considérées comme partie intégrante d'un souk de tissus (qissariya) qui s'étendait sans interruption sur environ 2 500 m2L 4. Plusieurs rues se croisent dans ce souk, les principales étant la rue des kharrazines (cordonniers) et celle des charratines (vendeurs de fil de soie)L 4. Le souk Al-Ghazel est un marché de ventes aux enchères ; la laine brute ou teinte en tas y est également vendue. C'est aussi la plus grande place de la ville72,L 18,73.
Kissaria As-sawari (le souk des colonnes), est le centre principal de vente des tissus et lainages, une vingtaine de boutiques y seraient ouvertesL 4. Le grand marché (Souk El-Kbir), est spécialisé dans la vente de tissus et vêtements traditionnels tels les djellabas, les babouches et les fez. Ce souk est un ancien marché d'esclaves chrétiens74. Le Souk Sebt (marché du samedi) n'est ouvert que ce jour-là. Le Souk El-Attarine est l'un des principaux marchés d'épices.
Le Souk el-Merzouk est réservé aux bijoutiers, aux nattiers et aux vanniers75. Le Souk Lakhmiss, l'un des plus anciens de la ville, vend essentiellement des plantes. Le Souk Alimentaire est spécialisé dans la vente de produits alimentaires, en particulier des spécialités d'origine salétine ainsi que des épices72. Le Souk aux bijoutiers est constitué d'une dizaine de boutiques qui vendent principalement des bijoux71.
L'enceinte de la médina est formée d'un ensemble de remparts, de fortifications et de bastions, classé monument historique en octobre 191476. Sur le plan architectural, elle est « flanquée de tours barlongues et ponctuée par des portes urbaines dans la pure tradition des enceintes médiévales de l’Occident musulman »77 et « compte parmi les ouvrages défensifs islamiques les plus anciens du Maroc »77.
Les remparts ont 3 560 m de long et près de 12 m de hauteur, sur un domaine de 90 hectares. Ils sont renforcés par un dispositif défensif composé de 55 tours rectangulaires, construites à intervalles irréguliers et de cinq bastions fortifiés, les Scalla caractéristiques de l'architecture militaire, qui assurent à l'enceinte un caractère défensif solide78.
Les portes de Salé sont parmi les plus anciennes et les plus imposantes du Maroc79. la ville en possède sept principales ; autrefois, chacune n'était ouverte qu'un jour par semaine pour mieux protéger les habitants. On a ainsi Bab El-Khamiss (Porte du jeudi) qui était ouverte seulement ce jour-là. Les portes, principales et secondaires confondues, se nomment :
Bab LamrissaN 14 : Porte maritime monumentale du XIIIe siècle, unique par sa fonction et ses ornements; elle est actuellement la plus importante porte de la ville et la plus imposante du Maroc. Elle fut bâtie par un ingénieur andalou originaire de Séville, Mohamed Ben AliL 19.
Bab Ferran (porte du fourneau) : dite aussi Bab Dar As-Sinaâ à l'origine arsenal et fabrique d'arme des corsairesL 19.
Bab sidi Bou Haja : Grande porte détruite par les Français dans les années 1960. Elle porte le nom du saint andalou Ibrahim Bouhaja qui entretenait la zaouïa Annoussak au XIVe siècleL 19.
Bab Jdid : Une petite porte sans grand intérêt, utilisée comme dépôt depuis les années 1960L 19.
Bab Maalaqa : Elle s’ouvre sur le cimetière et la plage et était réservée au sultan quand il visitait les lieux saints de SaléL 19.
Bab Chaafa : Porte très pittoresqueL 19.
Bab Sebta (porte de Ceuta) : C'est une porte du XIIe siècle, surélevée vers le début du XIXe siècle, passage obligé pour prendre la route vers Ceuta, d'où son nomL 19.
Bab Fès : Anciennement Bab El-Khmiss (porte du jeudi), donne accès à l’est de SaléL 19.
Bab Ferth
Bab Cortoba : Petite porte donnant accès au mellah
Bab Khmiss ou Bab Fès avec ses canons.
Bab Lamrissa, à moitié enterrée, est la plus grande porte fortifié du Maroc.
Bab Dar Assinaâ donnait accès à l'ancienne fabrique d'armes.
Les bastions (ou borj) sont au nombre de quatre :
Borj Bab Sebta : cette tour a été construite en 1738 par le gouverneur Abdelhaq Fennich; il y gérait les affaires de la villeL 20.
Borj Adoumoue : (Bastion des larmes), communément appelé Skala Al-KdimaN 15 (l'ancienne Scala), il fut construit en 1785 par le Sultan alaouite Sidi Mohamed ben Abdellah, qui en fit une fortification chargée de canons en bronze et d'armements turcsL 20.
Borj Roukni : Appelé aussi Borj El-Kebir (Grande tour) ou encore Skala Jdida (la nouvelle Scala), construit en 1853 par le sultan Abd ar-Rahman ibn Hicham, il est de forme semi-circulaire sur deux niveauxL 21.
Borj al-Mellah : Le Borj al-Mellah est érigé près de Bab Lamrissa, de l'autre côté des rempartsL 22.
Grande mosquée almohade construite par les Ifrénides en 1028 et restaurée par Yacoub El Mansour en 1196 est la troisième en importance au Maroc après celles de Fès. La mosquée est classée la troisième par ordre de grandeur du royaume, après la Mosquée Hassan II à Casablanca et Mosquée Al Quaraouiyine à Fès. Elle est aussi la deuxième plus vieille du royaume après la mosquée Al QuaraouiyineL 23;
Mosquée Achahbae est la deuxième mosquée construite à Salé par les Almoravides vers 1075. Elle fut édifiée par le sultan almoravide Youssef Ibn Tachfin dans la seconde moitié du XIe siècleL 24;
Mosquée Bourmada, en ruine, est classée patrimoine national par dahir du 12 juin 192680.
Mosquée Sidi Ahmed Hajji fondée vers la fin du règne de Moulay Ismail en l'honneur du grand saint Sidi Ahmed Hajji
Médersa des Mérinides édifiée en 1341 sous le règne du sultan mérinide par Abu al-Hasan ben Uthman est une œuvre d’art d'inspiration andalouse. Elle présente un caractère unique avec ses écritures koufiques et ses zelliges polychromes81. Elle est décrite par l'historien Ibn Ali Doukkali comme l'une des plus petites et des plus belles médersas dont l'architecture atteignit un haut niveau de perfection par son agencement et son décorL 25;
Médersa Bou Inaniya plus connue sous le nom de Funduq AsKour ou encore Dar el Qadi : élevée par Abu al-Hasan ben Uthman et achevée par son fils et successeur Abu Inan Faris vers 1345, elle a été un hôpital appelé Maristan puis un fondoukL 26. Sa façade est classée patrimoine national par le dahir du 6 janvier 192480.
La ville de Salé est réputée dès l'avènement de l'islam au Maroc pour être le refuge des ermites et des dévots. Elle attirait de toutes parts les gens se vouant à l'ascétisme. C'est pourquoi elle compte un grand nombre de sites réservés au recueillement, soit plus d'une centaine de Zawayas, de cloîtres et de sanctuaires pris comme modèles :
Zaouia Chrichi, Zaouia Sidi Bouzekri, Zaouia Annousak, Zaouia Sidi Moghit, Zaouia Qadiriyya, Zaouia Hajjiya, Zaouia El-Moubarakiya, Zaouïa Naciria, Zaouia Hansalia, Zaouia Hassounia, Zaouia Aissawiya, Zaouia Ghaziya, Zaouia Khassimiya, Zaouia Touhamya, Zaouia Hamdouchia, Zaouia Tijjania, Zaouia Addlil, Zaouia Kettania , Zaouia Ben Aboud, Zaouia Harratia, Zaouia SeddiquiaL 27.
Les mausolées sont des tombeaux à coupole, appelés aussi marabouts.
Tableau de tous les pavillons dont ceux de Salé, 1737 (propriété de la bibliothèque Sbihi.)
Astrolabe avec alidade (propriété de la bibliothèque Sbihi)
Décorations françaises (propriété de la bibliothèque Sbihi)
Coran Almohade du XIIe siècle sur peau de gazelle (propriété de la bibliothèque Sbihi)
L'arrivée du sport dans la ville coïncide avec l'arrivée des Français au Maroc. Ce sont les Français qui font découvrir aux Marocains les différents sports joués en France et en Europe. Pour le football, à partir de 1913, plusieurs clubs sont créés par les soldats français dans les principales villes du Maroc dont on notera l'Union sportive de Rabat-Salé85.
Puis en 1928, grâce aux jeunes du club littéraire salétin, la ville voit naître l'Association sportive islamique de Salé, club toujours actif aujourd'hui connu sous le nom de l'Association sportive de Salé . Au début, le club de l'AS Salé disposait de deux sections : le football et le basket-ball.
Quatre ans après, les nationalistes des deux rives créent un club nommé « l'Association sportive islamique de de Rabat et Salé ».
En 1947, Larbi Zniber crée en compagnie de son ami le journaliste Mustapha Belhaj « le Najah de Salé », un club qui a été le réservoir de l'Association Sportive et, dont il a été gardien de but. Dans la saison 1944- 1945, il existait plusieurs équipes : Club Sportif de Salé, Najm de Salé, Hassania Salaouia, Tihad sportif de Salé et le Club de la communauté juive, qui seront fusionnés pour en faire une seule équipe forte capable de jouer dans l'élite, c'est l'ASS.
Dans les années 1990, le Sporting de Salé a réussi à rester dans l'élite pendant plusieurs années86,87,88,89,90, avant de tomber dans la seconde division lors de la saison 2000-2001. Et avant de se faire reléguer en troisième la saison suivante après avoir terminé dernier, les deux principaux clubs : le Sporting de Salé et l'AS Salé fusionnent pour garder le même nom que celui-ci. Durant cette époque lorsque les deux clubs étaient présents dans la même division, étaient organisés des « derby de Salé » entre le Sporting de Salé et l'AS Salé91,92.
Un autre derby existe entre un club de Salé et un club de Rabat. Ce derby oppose deux clubs de villes ennemies ayant des liens historiques. Appelé derby du Bouregreg, ce derby peut opposer n'importe quelle équipe tant que ces deux équipes sont de Rabat et de Salé 93. Aujourd’hui plusieurs autres petits clubs existent dont le Amal de Salé et le Najah Sportive de Salé. Le derby du Bouregreg n'est pas un derby réservé seulement au football, il existe dans plusieurs autres sports notamment le basket-ball entre l'AS Salé et le FUS de Rabat94.
Depuis 2011, l'AS Salé organise un tournoi amical annuel au Stade Boubker Ammar. Appelé le Tournoi Mohamed Benghmouch, il rend hommage à celui qui fut le dirigeant de l'ASS durant les années 1970 et 80. La première édition de ce tournoi a été remportée par le Chabab Rif Al Hoceima face aux FAR de Rabat sur le score de trois buts à un 95
Mais de nos jours l'AS Salé est omnisports et plusieurs autres sections ont ainsi vu le jour. Bien que la ville soit l'une des plus peuplée du Maroc, par rapport à son voisin d'en face, la ville de Salé a faible niveau de nos jours en ce qui concerne le football.
Pour le basket-ball, l'AS Salé a un palmarès remarquable, ayant remporté deux championnats et cinq coupes du Trône. Les « pirates de Salé » ont également représenté le Maroc lors de la coupe arabe des clubs champions en atteignant la seconde place puis lors de la coupe d’Afrique des clubs champions en se classant troisième. Le sport le plus réputé est de loin le basket-ball puisque Salé a une équipe en première division contrairement au football. Pour ce qui est des compétitions annuelles, Salé organise chaque année depuis 2008, un tournoi international réunissant plusieurs équipes venant des quatre coins du monde. L'AS Salé remporta deux fois cette compétition96,97.
Plusieurs autres sports sont également pratiqués dans la ville de Salé dont le hand-ball qui dispose d'une équipe en première division qui est une section de l'AS Salé. Et plusieurs autres clubs salétins de cette discipline sont en seconde division. Le beach-volley est également très apprécié dans la ville, ainsi qu'à Rabat. Le 3e tournoi international de beach-volley a été organisé en 2010 dans la marina du Bouregreg. Sous l'égide de la fédération royale marocaine de volley-ball, cette compétition a vu la participation d'équipes originaires de Grande-Bretagne, Espagne, Slovénie, Colombie, Cuba, Argentine, Italie et États-Unis98. Avec le tournoi de beach-volley, la marina du Bouregreg a organisé la 3e édition du salon « extrême loisir » du 29 mai au 6 juin 201099 ainsi que la 11e édition de la Nuit Internationale du Jet Ski du 10 au 12 septembre 2012100.
La ville de Salé a organisé aussi plusieurs autres compétitions sportives de disciplines différentes. Dans le 6e Rallye automobile du corps diplomatique organisé par le Maroc, Salé fut la ville de départ et d'arrivée101. Le Maroc a organisé un même genre de compétition sauf que cette fois-ci celle-ci a lieu chaque année et seules les femmes doivent y participer. La compétition a pour nom « le Rallye des Colombes »102. Une autre compétition de grande envergure eut lieu à Salé, c'est le « Jet Cup de Salé » qui d'après Le Matin, fut une véritable réussite 103.
Avant l'ouverture du nouveau stade de Salé, le Sporting de Salé ainsi que l'AS Salé jouaient au stade de la Marche verte qui atteignait les 4000 places104. Mais en 2006 dans le cadre du projet de l'aménagement de la vallée du Bouregreg, il aura fallu détruire le stade qui sera remplacé par le Stade Boubker Ammar. Sa construction a duré 25 ans puisqu'elle a été entamée à partir de 1981. Mais c'est l'agence pour l'aménagement de la vallée du Bouregreg qui a permis de finaliser ses travaux105.
La ville de Salé dispose également de deux centres sportifs, celui de Maâmora ainsi que l'Académie Mohammed VI de football. Le centre sportif de Maâmora s'agit en faite du centre de formation du club royal de l'AS FAR106. Bien que celui-ci est un club située dans la ville de Rabat, son centre est basée dans la ville de Salé107, tandis que l'Académie Mohammed VI de football inauguré en 2010 par le roi Mohammed VI et administré par la Fédération royale marocaine de football se spécialise dans la formation de jeune footballeur108.
Pacha | Période | ||
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BoujmiaaâL 31 | ?-1817 | ||
Ahmed Ben Mohamed ZniberL 31 | 1817-? | ||
Hajj Ahmed Ben Mohamed Ben Al-Hashimi AouadL 32 | 1827-1840 | ||
Abu Amar Ben Al-Hajj At-Tahir Fannish (Fennich) | 1840-? | ||
Abd Al-Aziz MahbubaL 32 | ? | ||
Mohamed Ben Abdelhadi Zniber | L 32 | ?- | 1854 |
Abd Al-Aziz Mahbuba (2nd mandat)L 32 | 1854-1861 | ||
Hajj Mohamed BensaidL 32 | 1861-1892 | ||
Abdallah Ben Mohamed Bensaid (fils du précédent)L 32 | 1892-1905 | ||
Hajj At-Tayyib As-SbihiL 32 | 1905-1914 | ||
Hajj Muhammad Ben At-Tayyib As-Sbihi (fils du précédent)L 32 | 1914-1958 |
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Plage de Salé
Pyroscaphes à Salé
Place du Souk El-Kebir
Navires français à Salé
Bab El-Khemiss (porte du Jeudi)
Bab El-Khemiss
Des juifs au mellah
L'aqueduc mérinide de Salé
Photo de Salétins en sarwal qandrissa
Tramway de Salé dans les années 1920
Salé en dehors de l'enceinte
Fontaine publique à Salé
Rue principale vers le souk
La médersa vers 1910
Barcassiers de Salé
Porte d'une maison à la médina
Porte d'une maison à la médina
Borj Roukni
Entrée de la Zaouiya Tidjania
Rue Talâa (de la pente) devant la Grande Mosquée
Entrée de Médersa
Canon italien au Borj
Passage vers le cimetière de Bab Maâlqa
Vue sur Borj Adoumoue
Motif typique des fenêtres salétines, ici celle de de Dar Benkhadra.
intérieur de la Médersa
Sour Laqwass, l'aqueduc mérinide